Foyers infectieux dentaires et leurs complications Cours
de
Stomatologie
Foyers infectieux dentaires
:
Périodontites :
Appelées il y a quelques années monoarthrite ou desmodontite,
elles sont dues à une atteinte du complexe
pulpo-apico-desmodontal.
Elles représentent plus de 60 % des foyers dentaires.
1- Étiologie
:
Elles font suite à plusieurs épisodes de pulpite, secondaires
le plus souvent à des caries profondes entraînant
une inflammation de l’organe pulpaire situé dans une
chambre et des canaux pulpaires inextensibles.
La carie
est une atteinte bactérienne non spécifique, provoquée
par les produits métaboliques de la plaque dentaire.
C’est une maladie évolutive qui atteint tous les tissus
durs de la dent.
D’autres causes peuvent exister, les traumatismes physiques
des dents qui entraînent une lésion irréversible
de la pulpe allant jusqu’à la mortification.
Les traumatismes
peuvent aussi être chimiques, lors de la pose de
composite.
Toutes ces causes entraînent une nécrose de
la pulpe qui se trouve contaminée par des germes.
Les
phénomènes infectieux développés au sein des canaux
pulpaires vont se propager au desmodonte et à l’os
périapical, constituant une périodontite.
2- Bactériologie
:
Ces infections sont provoquées par des associations de
type mixte où les anaérobies sont majoritaires (plus de
50 %), soit par des anaérobies stricts.
Les souches bactériennes
le plus souvent retrouvées sont Streptococcus,
mileri, mitis, sanguis, mutans, b-hémolytique et les
enterococci qui sont des aérobies anaérobies facultatifs
ainsi que les lactobacillus et les actinomyces.
Par
contre, les peptostreptococcus, veillonella et corynebacterium
sont des anaérobies strictes.
Les fusobacterium
nucleatum, bacteroïdes et spirochètes anaérobies
sont plus rarement rencontrés ; quant au Staphylococcus
aureus et au germe gram-négatif, ils ne sont en cause
que chez les patients immunodéprimés.
3- Diagnostic
:
Le diagnostic est essentiellement clinique dans la périodontite
aiguë.
Il s’agit d’une douleur d’apparition brutale,
très intense, irradiant à l’hémiface, exacerbée par
la pression de la dent, donnant l’impression d’une dent
longue, entravant la mastication et l’élocution.
À l’examen, on retrouve une dent mobile, douloureuse
à la percussion axiale et latérale.
La palpation peut aussi
mettre en évidence au niveau de la table externe en
regard de la région apicale de la dent, une douleur à la
pression, voire une voussure douloureuse suivant l’importance
de l’atteinte des tissus périapicaux et de l’extension
vestibulaire de l’infection.
Les tests de vitalité pulpaire sont négatifs.
La radiographie rétro-alvéolaire ou le panoramique
mettent en évidence des destructions coronaires, un
simple élargissement ligamentaire en cas de périodontite
aiguë.
Au stade de périodontite subaiguë ou chronique,
les lésions osseuses périapicales s’installent
d’abord sous forme d’une ostéite périapicale avec un
aspect gommé de la trame, sans limites nettes, puis sous
la forme d’un granulome périapical constitué par une
image radiologique homogène claire, aux limites nettes,
qui coiffe l’apex.
4- Évolution
:
Sans traitement, l’évolution se fera vers les complications
locorégionales, abcès sous-périosté, ou cellulite,
ou vers une périodontite chronique avec la lésion apicale
typique (granulome) constituant un foyer infectieux
chronique à prendre en compte dans l’infection
focale.
5- Traitement
:
Dans la périodontite aiguë, il s’agit d’un traitement
d’urgence qui consiste à ouvrir la chambre pulpaire et à
cathétériser les canaux jusqu’à l’apex et permettre un
lavage à l’eau oxygénée et à l’hypochlorite ; la chambre
pulpaire doit rester ouverte.
Un traitement médical est prescrit, basé principalement
sur l’antibiothérapie.
Les antibiotiques à prescrire en
première intention sont tous les dérivés de la pénicilline,
avec, en premier lieu, l’amoxycilline (1g toutes les
8 h).
En cas d’allergie à la pénicilline, on prescrira de la pristinamycine 2 g/24 h. Des antalgiques seront prescrits.
Les anti-inflammatoires non stéroïdiens sont formellement
déconseillés.
Au bout de 24 h, il faudra choisir entre un soin conservateur
ou l’avulsion de la dent.
Ce choix se fera en fonction
de plusieurs critères : gravité de l’infection, état de
la dent, s’agit-il d’une mono- ou d’une pluriradiculée,
hygiène buccale, état du patient (est-il un sujet à risque),
intérêt du patient pour un traitement conservateur.
Parodontites chroniques de l’adulte
:
Nous ne retiendrons que les parodontites chroniques de
l’adulte qui constituent un foyer infectieux dentaire
chronique tenant une place importante dans l’infection
focale.
C’est une atteinte fréquente du système dentaire.
1- Étiologie
:
Elle est complexe, en dehors des facteurs prédisposants
tels que des facteurs héréditaires, le diabète, des malpositions
dentaires, les traumatismes occlusaux ou prothétiques,
la mauvaise hygiène bucco-dentaire.
La maladie
parodontale est une maladie bactérienne avec une mauvaise
réponse immunitaire et leucocytaire.
2- Bactériologie
:
La flore bactérienne rencontrée est différente de celle
des périodontites.
Il existe un pourcentage élevé de spirochètes,
de Bacteroïdes gingivalis, de Porphyromonas
gingivalis, de Eikenella corrodens et d’Actinomyces
comitans. Ces derniers se retrouvent surtout dans les
parodontites juvéniles.
3- Diagnostic
:
On examine l’état de la gencive, on apprécie la mobilité
dentaire qui peut être cotée, mais le signe essentiel est
la présence de poches parodontales qui sont explorées
avec des sondes spécialisées pour permettre de les
mesurer.
Ces poches sont de profondeur variable, mais
sont retrouvées de façon systématique dans tous les secteurs dentés.
Le bilan radiologique comprenant des
films rétro-alvéolaires, panoramiques et des longs
cônes, apprécie le niveau de l’os alvéolaire par rapport
à la limite émail - cément de la dent.
Dans la maladie
parodontale, il existe surtout des encoches angulaires
qui, selon leur importance, permettent d’apprécier le
degré d’évolution de la maladie.
Ces lésions de lyse de
l’os alvéolaire peuvent aller jusqu’à l’apex des dents et
les englober.
4- Évolution
:
Sans traitement, l’infection continue à évoluer, entraînant
des pertes dentaires importantes pouvant aller jusqu’à
l’édentation.
Dans la maladie focale, l’appréciation de l’étendue des
surfaces lésionnelles liées au nombre et à la profondeur
des poches est importante.
La mobilité des dents est un
facteur de bactériémie.
Les facteurs antigéniques sont
nombreux au niveau de la poche et vont diffuser dans
l’organisme à l’occasion de la mastication et jouer un
rôle dans la sensibilisation d’un organe à un germe ; d’où
la place importante de la maladie parodontale dans la
maladie focale.
5- Traitement
:
Le traitement de cette affection permet d’espérer stopper
son évolution et diminuer fortement les mobilités dentaires
si la maladie n’est pas à un stade trop avancé.
La
nature infectieuse de la maladie étant indiscutable, l’antibiothérapie
a un rôle important, basée sur des associations
type spiramycine-métronidazole, sur les tétracyclines
dans les parodontites juvéniles.
Il peut être associé
à des irrigations des poches par de la chlorhexidine.
Mais
le traitement ne peut se passer de technique chirurgicale
visant à éliminer les localisations des germes anaérobies.
La récidive est évitée si le patient, devenu conscient de sa
maladie, assure une hygiène bucco-dentaire stricte
(contrôle de la plaque) et fait faire des soins gingivaux de
façon régulière, plusieurs fois par an.
Accidents d’éruption dentaire
:
Les accidents d’éruption sont fréquents ; nous ne retiendrons
que les accidents d’éruption des dents de sagesse et
principalement de la dent de sagesse inférieure.
1- Étiologie
:
Ces accidents sont dus à un défaut de mise en place de la
dent sur l’arcade, qui va rester en désinclusion.
Le sac péricoronaire se trouve partiellement ouvert dans la
cavité buccale et les germes de cette dernière vont pouvoir
coloniser l’espace situé entre celui-ci et la dent.
Ces accidents sont beaucoup plus rares au niveau des
dents de sagesse totalement incluses.
2- Bactériologie :
La flore retrouvée est très polymorphe, voisine à la fois
de celle retrouvée dans les périodontites et dans les parodontites.
3- Diagnostic
:
La péricoronarite se manifeste d’abord par une douleur
violente, unilatérale, proche du pilier antérieur du voile,
irradiant vers l’oreille.
Elle s’accompagne d’une dysphagie,
d’une gêne à la mastication, d’insomnie et d’une fébricule.
À l’examen, gêné souvent par un léger trismus,
on découvre dans la région rétromolaire inférieure une
muqueuse oedématiée et érythémateuse.
Le bord de la
muqueuse est sphacélée et peut laisser apercevoir une
cuspide de la dent de sagesse en désinclusion.
L’érythème
et l’oedème débordent plus ou moins en dedans
vers le pilier du voile et en dehors vers le sillon gingivojugal.
La pression très douloureuse de la muqueuse
en regard de la dent de sagesse peut faire sourdre une
sérosité louche ou franchement purulente.
La radiographie rétro-alvéolaire ou, mieux, le panoramique,
confirme la présence de la dent de sagesse en
désinclusion et montre une image radio-claire en croissant,
bien limitée, située entre la couronne et la
muqueuse, caractéristique d’un granulome marginal
postérieur.
4- Évolution
:
Après traitement la péricoronarite guérira, mais si
l’avulsion de la dent de sagesse n’est pas réalisée dans les semaines qui suivent, le foyer constitué par le kyste
marginal postérieur va devenir un foyer infectieux dentaire
chronique.
5- Traitement
:
Le traitement sera local en détergeant le capuchon
muqueux avec de l’eau oxygénée et de l’acide trichloracétique
et sera poursuivi par des bains de bouche à base
de chlorhexidine.
Il sera complété par un traitement
antibiotique : amoxycilline 3 g/24 h ou pristinamycine ;
en cas d’infection peu importante : spyramicine associée
au métronidazole.
Dans les semaines qui suivent,
l’extraction chirurgicale de la dent de sagesse devra être
réalisée sous anesthésie locale ou sous anesthésie générale.
Complications locorégionales
:
A - Abcès sous-périostés et sous-muqueux :
C’est une complication locale de la périodontite aiguë,
l’infection partant du péri apex, traverse les structures
alvéolaires et osseuses pour s’extérioriser sous le périoste
sous la forme d’une voussure tendue, fluctuante,
douloureuse recouverte d’une muqueuse hyperémiée.
Les signes généraux peuvent s’installer (température,
asthénie, céphalées).
La collection rompt le périoste et
la fibromuqueuse pour aboutir à une fistule.
Chez l’enfant
ces atteintes sous périostées appelées parulie s’observent
surtout en regard des molaires lactéales mortifiées.
Le traitement consistera en un drainage avant l’installation
de la fistule associé à une antibiothérapie .
Le traitement
essentiel reste le traitement étiologique de la périodontite ou l’avulsion de la dent causale.
B - Cellulites cervico-faciales :
Extrêmement fréquentes elle constituent de loin la première
complication locorégionale des foyers infectieux
dentaires et représentent la principale urgence dans
notre spécialité.
Elles se répartissent en 3 grands
groupes : les cellulites aiguës circonscrites, les cellulites
diffuses et les cellulites chroniques
1- Étiologie
:
Les causes dentaires dominent.
Les périodontites et
les accidents de désinclusion des dents de sagesse inférieures
sont les principales causes ; les parodontopathies
le sont plus rarement.
Elles peuvent aussi survenir
après des traitements endodontiques, à la suite de certains
actes de chirurgie buccale surtout les extractions
de dents de sagesse.
Les causes non dentaires sont minimes.
Lors de fractures
ouvertes de la mandibule, après l’infection d’un
organe de la sphère bucco-faciale ; plus rarement, lors
d’une infection néoplasique, une surinfection peut
entraîner une cellulite.
Il peut alors être difficile de faire
la part de la cellulite et de l’atteinte carcinologique.
2- Conditions anatomiques
:
• Le tissu celluleux est à la fois un tissu de remplissage,
un amortisseur, un tissu de glissement permettant le jeu
des muscles faciaux, des muscles masticateurs, de la
langue, de la mandibule et de l’oeil.
Il est compartimenté en région par des muscles et des
cloisons musculo-aponévrotiques s’insérant sur le
maxillaire et la mandibule avec des points de passage
possibles d’une région à l’autre.
Il est absent au niveau
du palais où la fibro-muqueuse palatine adhère à l’os.
On parle plutôt à ce niveau d’abcès sous-périosté.
Ces
coulées cellulo-adipeuses faciales sont en continuité
avec les coulées cervicales.
Enfin, les coulées cervicales
communiquent avec les régions médiastinales.
Le
médiastin postérieur et les régions rétro-oesophagiennes
sont sans barrière anatomique et le médiastin antérieur
est en continuité avec le tissu celluleux lâche périvasculaire.
• La position des dents : la situation des apex dentaires
par rapport aux tables et aux insertions musculo-aponévrotiques
détermine la localisation des cellulites.
3- Bactériologie
:
Il s’agit d’une infection à germes multiples fonction du
processus infectieux étiologique.
C’est une flore aérobie
et anaérobie.
4- Cellulites circonscrites aiguës
:
Ce sont les cellulites qui restent localisées à la région
située en regard de la dent causale.
Elles passent par 2
stades : les cellulites séreuses et les cellulites collectées.
• Premier stade : la cellulite séreuse succède à un épisode
dentaire de périodontite et se manifeste par une
tuméfaction arrondie aux limites imprécises, recouverte
d’une peau tendue, légèrement érythémateuse.
La palpation met en évidence une tension élastique, la peau
est chaude, douloureuse, la masse n’est pas mobile sur
le plan profond. à l’examen endobuccal, on retrouve la
tuméfaction qui comble le vestibule jusqu’à la gencive.
La voussure vestibulaire est en règle maximale en
regard de la dent causale à ce stade, un trismus peut
être présent , il est d’autant plus important que la dent
responsable est plus postérieure au niveau de la mandibule.
Les signes généraux commencent à s’installer –
fébricule, céphalées –.
Si le traitement médical et étiologique
n’est pas instauré, cette cellulite évolue vers la
collection.
• Deuxième stade : la cellulite collectée : la tuméfaction
reste limitée dans cette forme mais se modifie ; la
peau devient rouge, tendue, luisante, chaude ; la palpation
est douloureuse
et la masse
adhère au plan
osseux.
La collection se
confirme, mise en
évidence par la
présence d’une
fluctuation au palper bidigital.
Les signes fonctionnels
sont marqués
: les douleurs
sont intenses,
continues, lancinantes,
à prédominance
nocturne,
entraînant l’insomnie,
entravant
l’alimentation, la
déglutition et
l’élocution. Le
trismus s’aggrave.
Les signes généraux sont marqués.
Biologiquement, la numération formule sanguine
montre une hyperleucocytose, surtout des polynucléaires,
et une augmentation notable de la vitesse de
sédimentation.
En l’absence de traitement, la peau s’amincit et la collection
se fistulise.
Le sphacèle cutané peut être de
grande dimension, posant dans l’avenir un problème
esthétique.
Lors d’un traitement mal conduit l’évolution
peut se faire vers la chronicité ; elle peut se faire aussi
vers la diffusion aux tissus cellulaires d’une région voisine,
vers l’atteinte des éléments anatomiques de la
région sous forme, en particulier, d’ostéite ou d’atteinte
des muscles masticateurs sous forme de myosites provoquant
par la suite des limitations à l’ouverture buccale
difficiles à réduire.
• Formes topographiques
À la mandibule :
– du côté externe, à part les cellulites géniennes basses
dues à la première molaire ou aux prémolaires, il peut
exister des cellulites mentonnières ou sous-mentonnières
dues aux incisives qui peuvent faire discuter d’autres diagnostics : kyste sébacé surinfecté, kyste dermoïde
ou kyste du tractus thyréoglosse ;
– en dedans, il peut exister des cellulites du plancher susmyélo-
hyoïdien qui intéresse la région sublinguale ;
La dent de sagesse inférieure, par sa localisation particulière
au carrefour de plusieurs régions provoque le plus
grand nombre de formes topographiques de cellulite :
– en dehors et en avant sous forme du classique abcès
migrateur de Chompret et l’Hirondel ; cette affection est
secondaire à une péricoronarite de la dent de sagesse ;
– en dehors et en arrière, elle est responsable de cellulites massétérines ; un trismus très serré gêne l’examen ;
– en dedans, les affections apicales de la dent de
sagesse et aussi les péricoronarites provoquent des
atteintes de la loge sous-mylo-hyoïdienne ;
– en dedans et en arrière, l’infection peut atteindre la
région para-amygdalienne ; c’est le phlegmon d’Escat
qui est caractérisé par l’importance des signes généraux
et fonctionnels et par la pauvreté des signes locaux ;
– vers le haut, la proximité de l’attache des fibres basses
du muscle temporal sur le bord antérieur de la branche
montante de la mandibule et du sac péricoronaire de la
dent de sagesse inférieure explique l’atteinte infectieuse
de la loge temporale.
Au maxillaire, les localisations sont essentiellement
externes :
– les cellulites labiales supérieures et nasogéniennes
sont dues à des atteintes infectieuses des incisives et des
canines.
Le risque de l’atteinte de cette région est la
thrombophlébite de la veine faciale dans le sillon nasogénien.
Les cellulites géniennes hautes sont liées aux
molaires et prémolaires ;
– les cellulites de la fosse ptérygo-maxillaire sont dues
aux périodontites de la dent de sagesse supérieure, elles
sont graves par le manque d’extériorisation de l’infection
qui fait errer le diagnostic.
Côté interne, au niveau du palais, étant donné l’absence
de tissu celluleux, on parle d’abcès sous-périostés.
Ils
sont en général dus à l’incisive latérale et aux racines
palatines des molaires et prémolaires.
• Le traitement des cellulites circonscrites est un traitement
d’urgence dont les modalités sont différentes
selon le stade de la cellulite.
– Traitement de la cellulite séreuse : à ce stade le traitement
est symptomatique et causal : dentaire.
Aucun
geste ne peut être fait au niveau de la cellulite.
Le traitement
symptomatique est basé sur l’antibiothérapie.
La
pénicilline et ses dérivés représentent l’antibiotique de
choix en l’absence de contre-indication. Les doses sont
fonction de l’importance des signes locaux, généraux et
fonctionnels et surtout de la localisation de la cellulite.
On l’associe de façon systématique au métronidazole.
Le schéma thérapeutique peut être le suivant : pénicilline
à dose de 6 à 12 M par 24 h en intraveineux, associée
au métronidazole à la dose de 3 flacons par 24 h
par voie intraveineuse.
En cas d’allergie à la pénicilline
on choisit la pristinamycine ou la téicoplanine.
Des
antalgiques sont prescrits mais les anti-inflammatoires
non stéroïdiens ne sont jamais prescrits en première
intention et surtout jamais de façon isolée.
– Le traitement étiologique dentaire : l’attitude au
niveau de la dent dépend de la décision de la conserver
ou de l’extraire.
Si l’avulsion est décidée, elle est faite le plus tôt possible,
au bout de 24 h d’antibiothérapie, sous anesthésie
locale ou locorégionale.
On peut avoir recours à l’anesthésie
générale suivant la localisation de la cellulite, en
particulier dans les phlegmons d’Escat.
Si le traitement conservateur est retenu, le traitement
d’urgence est le même que pour la périodontite.
• Le traitement des cellulites collectées est triple :
symptomatique, dentaire et local.
Le traitement symptomatique
reste le même que le précédent, le traitement
dentaire également .
La différence est essentiellement
au niveau de la collection de la cellulite où il faut assurer
un drainage.
Le drainage peut se faire de 2 façons : soit filiforme,
soit en pratiquant une incision.
Le drainage filiforme est
réservé aux petites collections sous-cutanées et est à
visée esthétique.
Les incisions sont préférables pour les collections
importantes ; elles sont faites à la fois pour les collections
cutanées et les collections muqueuses.
L’incision
est précédée par une ponction du pus pour faire une
analyse bactériologique et un antibiogramme.
Elle est
superficielle, située à la partie déclive de la collection,
sa longueur ne doit pas excéder 2 cm.
L’incision cutanée
ou muqueuse est poursuivie par une dilacération à
la pince en profondeur ; une lame de caoutchouc est
fixée à la peau par un point de suture ou à la muqueuse
et est laissée en place 48 h.
5- Cellulites diffuses
:
Elles constituent une entité propre.
Il faut les distinguer
des cellulites diffusées qui font suite à des cellulites circonscrites.
• La cause dentaire n’est pas différente des autres cellulites, périodontites, traitement endodontique d’une
molaire inférieure infectée, extraction simple.
La flore polymicrobienne est identique avec une prédominance
de la flore anaérobie.
Cependant, les toxines et les gaz
ont un rôle important dans la diffusion de l’infection.
Le terrain du patient ne semble pas intervenir.
– Cliniquement, la cellulite est diffuse d’emblée avec
un état général gravement atteint : température élevée,
dissociation du pouls et de la température, frissons,
insomnie, diarrhée.
Il faut savoir rechercher au niveau
de la tuméfaction une pâleur anormale de la peau, un
oedème extensif, de petites zones de crépitations souscutanées.
En 24 à 48 h, un
tableau de toxiinfection
maligne
s’installe avec une
température à
39°C, un faciès
grisâtre, des traits
tirés, des sueurs
profuses, une polypnée,
une hypotension
artérielle,
des vomissements,
une oligurie
, un subictère.
Localement, la
tuméfaction faciale,
d’abord
molle et peu douloureuse,
devient
ligneuse et hyperalgique,
puis marbrée.
L’oedème
est massif et déborde largement la tuméfaction initiale.
La palpation douce met en évidence de larges zones de
crépitations sous-cutanées.
Un trismus serré est pratiquement
constant.
Vers le 5 ou 6e jour, la suppuration s’installe, la peau se
sphacèle et se perfore. Les artères dénudées peuvent se
rompre et entraîner des hémorragies cataclysmiques.
L’oedème est tel que, sans traitement, le patient peut décéder
par compression des voies aériennes supérieures.
Les diffusions de l’infection dans les espaces de voisinage
vers l’endocrâne mais surtout vers le médiastin
sont redoutables.
Les médiastinites sont souvent mortelles
malgré les traitement actuels.
– Examens complémentaires : la radiographie panoramique
met en évidence la dent causale. L’imagerie
moderne (scanner et imagerie par résonance magnétique)
permet de visualiser les zones d’oedème et la diffusion
de l’infection et surtout l’atteinte médiastinale
après avoir fait une radiographie pulmonaire.
Les données biologiques ne présentent aucun caractère
spécifique mais confirment la toxi-infection.
Formes topographiques : les cellulites, bien que diffuses,
peuvent avoir au départ des localisations particulières
et une symptomatologie qui leur est propre ; elle
porte le nom des praticiens qui les ont décrites :
– l’angine de Ludwig intéresse la région sus-mylohyoïdienne
;
– le phlegmon de Lemaître et Ruppe intéresse la région
sous-mylo-hyoïdienne ;
– l’angine de Sénator intéresse la région para-amygdalienne
et pharyngée ;
– la cellulite diffuse faciale de Ruppe-Dutailly, Leibovici,
Lattes, et Cauhèpe ; la lésion de départ est une
infection d’une molaire inférieure ou un accident
d’éruption de la dent de sagesse ;
– la cellulite de la région ptérygo-maxillaire.
• Traitement : le pronostic des cellulites diffuses reste
extrêmement grave (30 % environ de mortalité) malgré
la prise en charge en urgence dans un service spécialisé
qui assure les soins et la réanimation.
L’intubation trachéale précoce est nécessaire pour lever
une éventuelle souffrance respiratoire et éviter une
pneumopathie.
Elle est préférée à la trachéotomie.
– Le traitement médical est basé essentiellement sur
l’antibiothérapie qui a modifié le pronostic de ces cellulites
à condition d’être prescrite rapidement d’emblée à
des doses élevées en perfusions intraveineuses en associant
2 familles d’antibiotiques.
L’antibiothérapie la
plus utilisée comprend de la pénicilline 20 000 U/kg/j
par voie intraveineuse en continu associée à du métronidazole
à la dose de 20 à 30 mg/kg/j en 3 perfusions
lentes.
En cas
d’allergie à la
pénicilline, on
choisit de préférence
la téicoplanine
(Targocid) à
la dose de
400 mg en intraveineux.
La corticothérapie
peut être utilisée
pour réduire
l’oedème et assurer
une meilleure pé-nétration des
antibiotiques à la
dose de 200 à 500
mg d’hémisuccinate
d’hydrocortisone
par jour par
voie intra-veineuse.
On peut aussi
avoir recours aux anticoagulants étant donné les thromboses
veineuses importantes.
– Traitement étiologique dans ce type de cellulite :
l’avulsion de la dent causale est la règle.
– Traitement chirurgical : c’est le point essentiel du traitement
de toute cellulite diffuse gazeuse ; son but est de
libérer les voies aérodigestives supérieures et d’éviter
les complications médiastinales par continuité, les incisives
étagées dans la région cervicale pour éviter la propagation
des collections purulentes vers le médiastin.
– Oxygénothérapie hyperbare : son principe repose sur
l’élévation de l’oxygène tissulaire pour lutter contre
l’anaérobiose et augmenter le pouvoir de défense tissulaire.
6- Cellulites chroniques
:
Elles succèdent en général à des cellulites aiguës dont le
traitement étiologique n’a pas été mené jusqu’à son terme,
entraînant la persistance du foyer infectieux causal.
Cliniquement, elles se présentent sous la forme d’un
nodule ferme recouvert d’une peau normale, adhérant à
l’os et sans zone de fluctuation.
L’évolution de ce
nodule va aller sans traitement vers la fistule dont les
plus importantes sont les fistules cutanées qui vont se
situer en regard de l’apex de la dent causale et sont
reliées à la table externe par un trajet fistuleux.
Le traitement du nodule sous-cutané chronique est difficile.
L’antibiothérapie est souvent inefficace.
Il faut
traiter la cause.
Le traitement de la fistule repose, lui aussi, sur le traitement
de la cause dentaire : extraction de la dent causale,
curetage des tissus périapicaux.
7- Actinomycoses cervicofaciales
:
Elles sont différentes en beaucoup de points des précédentes.
Elles évoluent sur un mode subaigu et sont
devenues rares.
Elles sont dues à de multiples foyers
dentaires et non à une seule dent.
Sur le plan bactériologique,
il s’agit d’actinomyces, bactérie anaérobie
stricte, dont la plus répandue est l’Israeli.
Cliniquement, la tuméfaction est particulière : sur un
placard d’une dureté presque néoplasique vont s’installer
successivement des tuméfactions les unes à côté des
autres donnant à l’ensemble un aspect mamelonné.
Ces
tuméfactions se fistulisent successivement, laissant
sourdre un pus rempli de grains jaunes.
Le diagnostic est basé sur la bactériologie des grains
jaunes en sachant que la culture des Actinomyces est
toujours difficile.
On peut aussi pratiquer un examen
anatomopathologique en prélevant du tissu en profondeur
qui mettra en évidence des filaments mycéliens en
massue caractéristiques.
Le traitement est basé sur une
antibiothérapie au long cours, les macrolides semblent
plus efficaces que les pénicillines. Le traitement doit
durer 8 semaines.
C - Thrombophlébites
:
Les thrombophlébites faciales et craniofaciales sont des
complications très rares, mais extrêmement graves, des
foyers infectieux dentaires.
Cliniquement, apparaissent des signes locorégionaux
variables selon le système veineux intéressé et des
signes généraux signant une septicémie.
Comme pour
les cellulites, le scanner et la résonance magnétique
mais aussi l’angiographie aident au diagnostic et permettent
de visualiser l’extension des thromboses.
La
radiographie panoramique et les rétroalvéolaires permettent
de déceler le foyer infectieux initial dentaire.
Nous citerons les différentes formes cliniques de thrombophlébites
: de la veine faciale, des veines ophtalmiques,
des veines ptérygoïdiennes, du sinus caverneux.
Le traitement est réalisé dans un service spécialisé et
peut nécessiter une prise en charge en réanimation pour
rétablir les diverses fonctions vitales.
Il est toujours
associé à une surveillance neurologique.
Il est voisin de
celui des cellulites diffuses.
D - Sinusites d’origine dentaire
:
Les apex de certaines dents sont proches du plancher du
sinus.
Cette distance est variable d’un individu à l’autre.
Il existe en plus des anastomoses entre les vaisseaux de
la muqueuse sinusienne au niveau du plancher et les
petits vaisseaux situés au niveau du périodonte des
dents.
Les périodontites seront donc les grandes responsables
des sinusites d’origine dentaire et plus rarement
les traitements endodontiques au niveau de ces dents,
exceptionnellement les parodontites.
Les sinusites maxillaires d’origine dentaire sont la plupart
du temps chroniques.
Elle s’installent lentement et
sont strictement unilatérales.
Les douleurs sont peu
importantes, les signes généraux exceptionnels.
L’examen
radiologique est essentiel.
L’incidence de Blondeau
met en évidence les signes de sinusite unilatérale.
Il est toujours comparatif avec le côté sain. La recherche
de la cause dentaire nécessite un panoramique et des
clichés rétroalvéolaires.
Dans certains cas, un scanner
peut être nécessaire.
Le traitement médical est basé sur l’antibiothérapie ; il
est associé à un traitement par voie nasale.
Il faut traiter
la cause dentaire.
Le traitement chirurgical est souvent nécessaire, le plus
classique est l’intervention de Caldwell Luc.
E - Ostéites
:
Les ostéites secondaires à une infection dentaire ne se
rencontrent qu’à la mandibule.
Leur symptomatologie
s’est transformée au cours des 20 dernières années.
Les
ostéites typiques ayant pour point de départ une périodontite
d’une molaire inférieure évoluant sur plusieurs
mois ou années et pouvant dépasser la ligne médiane
sont en régression.
Actuellement, les ostéites évoluent vers un mode chronique
dont une forme est l’ostéopériostite dite de
« Garré » caractérisée par une périostite d’apposition
qui évolue sur des mois mais guérit après la suppression de la cause dentaire, une antibiothérapie et des décortications.
Une forme particulière semble échapper aux thérapeutiques
actuelles : l’ostéomyélite sclérosante diffuse
mandibulaire marquée par une évolution chronique sur
des années sans aucune suppuration, entrecoupée de
poussées aiguës avec douleurs, oedème et trismus.
La cause dentaire est difficile à retenir, et certaines
formes s’apparentent au SAPHO (synovite, acné pustulose
palmoplantaire et psoriasis, hyperostose, ostéite)
d’où l’indication, en plus du scanner, de demander
devant une ostéite chronique mandibulaire une scintigraphie.
Complications générales
:
A - Septicémie :
Tous les foyers péri-odontaux et parodontaux sont susceptibles
de déclencher des bactériémies lors des gestes
effectués au niveau des dents, aussi bien lors des extractions,
de la chirurgie parodontale, d’un simple détartrage
que des soins d’endodontie.
Mais ces bactériémies
peuvent aussi être spontanées lors de la mastication
comme l’a montré un auteur suédois.
Il s’agit le plus
souvent d’une septicémie aiguë marquée d’abord par
une température élevée et des frissons, suivis de céphalées
et d’un malaise général puis, dans un second
temps, d’un rash cutané.
Les signes cliniques doivent
faire rechercher une porte d’entrée dentaire.
Une hémoculture
est pratiquée en insistant encore sur les conditions
très strictes de la mise en culture si l’on veut
mettre en évidence la flore anaérobie.
Le traitement est
basé sur l’antibiothérapie en insistant sur l’intérêt de la téicoplanine (Targocid) à la dose de 400 mg par voie
intraveineuse.
Les conséquences de ces septicémies
peuvent être des greffes bactériennes sur des organes à
distance.
B - Infection focale :
L’atteinte à distance d’un organe à partir d’un foyer
infectieux dentaire par des mécanismes étiopathologiques
encore imprécis est indiscutable.
L’étiopathogénie reste controversée.
La bactériémie est
apparue comme la plus évidente mais l’immunologie
semble avoir une place prépondérante dans la préparation
de l’organe cible à la bactériémie.
Celle-ci est proportionnelle
à la multiplicité des gestes, par exemple
après des traitements endodontiques multiples sur une
même dent, ou lors des extractions : extraction d’une
seule dent (15 % de bactériémie), extractions multiples
(64 %).
Enfin, l’atteinte secondaire semble possible si
l’organe a subi un traumatisme local avec la présence
d’un tissu de granulation, par exemple un coeur ayant
été atteint d’une endocardite a beaucoup plus de chance
de subir une nouvelle greffe bactérienne.
Sur le plan immunologique, les antigènes diffusent à
partir des dents infectées et vont sensibiliser l’organe
cible.
La richesse en facteurs antigéniques de la maladie parodontale explique sa place importante dans la maladie
focale.
1- Endocardite infectieuse et foyers infectieux
dentaires :
Le rôle des foyers infectieux dentaires est primordial
dans l’installation d’une endocardite infectieuse.
La
conférence de consensus sur la prophylaxie de l’endocardite
infectieuse, en 1992, a permis de situer la place
de la porte d’entrée bucco-dentaire dans les endocardites
présumées ou prouvées. Elle représente 36 % des
1 300 endocardites annuelles françaises avec une mortalité
de 10 %.
• Classement des endocardites à haut risque :
– prothèses valvulaires qui représentent un quart des
endocardites infectieuses avec une mortalité lourde de
20 à 30 % où l’origine dentaire représente 50 % des
endocardites tardives, cela quel que soit l’orifice porteur
de la prothèse et quel que soit le type de la prothèse
( mécanique ou bioprothèse).
Le nombre de valves prothétiques
augmente le risque ;
– les cardiopathies congénitales cyanogènes. Même
après un shunt palliatif ou une correction incomplète,
elles restent une pathologie à haut risque ;
– antécédents d’endocardites infectieuses.
• Cardiopathies à risque d’endocardite infectieuse :
– les valvulopathies aortiques et mitrales ; sont considérées
à risque : l’insuffisance et le rétrécissement aortique,
l’insuffisance mitrale ainsi que le processus
mitral avec insuffisance mitrale ;
– les cardiopathies congénitales non cyanogènes ; la
communication interventriculaire est le plus souvent en
cause ; la correction chirurgicale en l’absence de shunt
résiduel fait disparaître le risque d’endocardite ;
– les cardiopathies obstructives.
• Cardiopathies sans risque : communication interauriculaire,
le prolapsus mitral sans fuite, les cardiopathies
ischémiques, les porteurs de stimulateur et de défibrillateur
implantable, les valvuloplasties percutanées, les
prothèses endocoronaires, les affections vasculaires
périphériques.
• Gestes bucco-dentaires et patients à risque d’endocardite
: la cavité buccale est la principale porte d’entrée
des endocardites infectieuses, les infections gingivo-
parodontales ou apico-dentaires donnent des
bactériémies, spontanées ou au décours des soins
bucco-dentaires (un acte bucco-dentaire précède l’endocardite
dans 10 à 12 % des cas, soit 130 à 160 patients
sur la série de 1 300).
Les règles prescrites par la conférence de consensus
sont les suivantes :
– chez les patients à haut risque d’endocardite : les pulpopathies,
les parodontopathies, les traumatismes
nécessitent l’extraction ; les prothèses sur dents dépulpées,
les implants et la chirurgie parodontale sont formellement
déconseillés ;
– lors de la préparation à une chirurgie de remplacement
valvulaire, les malades entrent dans la catégorie à
haut risque d’endocardite ; seules seront conservées les dents pulpées présentant un traitement endodontique
parfait, sans élargissement desmodontal remontant à
plus d’un an et au parodonte intact.
Toutes les autres
dents dépulpées dont le traitement endodontique est
incomplet, les dents dont le support parodontal est
pathologique, les racines et les apex persistants seront
extraits au moins 15 jours avant l’intervention cardiaque
;
– chez les patients à risque d’endocardites infectieuses,
les traitements radiculaires peuvent être entrepris à 3 conditions : s’ils sont réalisés sous champ opératoire
étanche digue, quand la totalité de l’endodonte est aisément
accessible, en une seule séance ; si ces conditions
ne sont pas remplies, l’extraction est recommandée, les
soins parodontaux superficiels (détartrage) conseillées ;
les implants et la chirurgie parodontale sont déconseillés.
• L’antibioprophylaxie est recommandée chez les
patients à risque lorsque des gestes à risque entraînant
une effraction sanguine sont réalisés.
Le protocole a été
simplifié à la suite de la conférence de consensus en vue
d’obtenir une meilleure adhésion du corps médical et
une meilleure observance des patients.
Lorsque certains
gestes invasifs sont réalisés en milieu infecté, il est
nécessaire de prescrire une antibiothérapie.
2- Autres localisations de la maladie focale
:
• Les abcès du cerveau d’origine dentaire ne sont pas
exceptionnels et s’expliquent par le même processus étiopathogénique que les thrombophlébites, ou par des
embolies septiques.
• Les lésions ophtalmiques : certaines affections ophtalmiques
à expression infectieuse peuvent être en relation
avec un foyer infectieux dentaire par continuité.
C’est le cas des abcès palpébraux, des infections des
voies lacrymales, des exophtalmies et des thrombophlébites
ophtalmiques.
En ce qui concerne les affections à expression inflammatoire,
la relation semble difficile à établir et le mécanisme
évoqué est celui d’une réaction allergique de type
IV ou d’hypersensibilité retardée ou bien d’une contamination
par voie sanguine à partir de foyer dentaire ;
3 à 5 % d’uvéites seraient d’origine dentaire, plus les
postérieures que les antérieures.
• Les affections rénales telles que les gloméluronéphrites,
peuvent être d’origine dentaire aussi bien par
bactériémie que par des phénomènes immunoallergiques.
• Certaines affections dermatologiques peuvent aussi
être d’origine dentaire : la pelade, l’acné rosacée, les
allergies microbiennes.
C - Foyers infectieux et prothèses d’organe
:
– Les prothèses valvulaires tiennent la première place.
– Les prothèses de hanche : le bilan préopératoire d’une
prothèse de hanche doit inclure un bilan bucco-dentaire
et l’attitude thérapeutique est celle décrite pour les
patients à risque d’endocardite infectieuse.
La surveillance
postopératoire doit être stricte sur le plan
bucco-dentaire.
– Les dérivations en cas d’hydrocéphalie : l’expérience
nous a montré que l’attitude devra être sévère et se
calque sur celle des patients à haut risque d’endocardite
infectieuse.
– Les prothèses vasculaires, les prothèses aortiques, les
culottes aortiques ou les pontages ne sont pas considérés
à risque.